Révélation de ce Roland-Garros, Loïs Boisson a commencé à jouer au tennis à Beaulieu: son entraîneur se souvient de son "énorme potentiel"

Le tennis français attendait un prolongement aux épopées de Kristina Mladenovic et Caroline Garcia, toutes deux éliminées aux portes du dernier carré à Roland-Garros en 2017. Loïs Boisson, 361e mondiale avant le début du tournoi Porte d’Auteuil, est parvenue à réaliser ce petit exploit.
Joueuse du Tennis Club Nice Giordan, la native de Dijon explose aux yeux du grand public sur ce Roland-Garros 2025. Partie du second tour et sur une série de quatre victoires de rang, Loïs Boisson est devenue seulement la deuxième femme titulaire d’une Wild Card à se qualifier en quarts de finale des Internationaux de France, après Mary Pierce en 2002, alors retombée à la 130e place mondiale.
Elle est d’ores et déjà assurée de toucher 440.000 euros de Prize Money, soit trois fois plus en une grosse semaine que depuis le début de sa carrière (129.000 euros).
"Elle a cru en elle plus que n’importe qui"Loin de la terre ocre du circuit parisien, l’attraction tennis du moment a tapé quelques-unes de ses premières balles au Tennis Club de Beaulieu-sur-Mer, sous les ordres de Stéphane Gloaguen pendant 5 ans. Un homme de renom dans le milieu, puisqu’il a aussi grandement participé au développement d’Alizé Cornet, entre ses 11 et 20 ans, ainsi qu’à celui de Justine Hénin (7 trophées du Grand Chelem dont 4 Roland-Garros).
Loïs Boisson a 11 ans lorsqu’elle arrive à Beaulieu, au moment ou son père Yann, ancien basketteur professionnel passé par l’ASVEL, Saint-Etienne ou encore Dijon, devient directeur administratif de l’AS Monaco Basket. Le frère de Loïs joue d’ailleurs pour l’équipe espoir de la Roca Team, pendant que sa sœur impressionne déjà sur les courts de tennis de la Côte d’Azur. "Dès le premier jour, j’ai vu qu’elle avait un énorme potentiel", confie d’emblée Stéphane Gloaguen, actuel coordinateur sportif du Piatti Tennis Center, à Bordighera (Italie).
"Elle a toujours été dotée de grandes qualités physiques, techniques et mentales. Mais ce que beaucoup voyaient comme des défauts, je l’ai vu comme des qualités, sans me vanter. Petite, elle avait un peu de mal à se canaliser. Elle en attendait énormément d’elle-même, avec très peu de tolérance pour soi. Au final, on voit que cette mentalité lui a réussi. Elle est encore jeune (22 ans) et pourtant, elle est parvenue à se hisser à très haut niveau rapidement. Sa plus grosse qualité, ça a été de croire en elle plus que n’importe qui. Elle a eu moins peur que quiconque de persévérer dans son chemin ".
Sa préparation à Roland-Garros effectuée à NiceLoïs Boisson reste cinq ans au TC Beaulieu, entre 2014 et 2019, puis s’envole à 16 ans au Piatti Tennis Center, toujours avec Stéphane Gloaguen, pendant une année. Après une vadrouille entre plusieurs académies, c’est finalement en 2021 que la droitière au revers à deux mains débute sur le circuit WTA lors du tournoi de Lyon, ville où l’azuréenne d’adoption s’entraîne, en alternance avec Nice, et y retrouve son staff. La croiser sur la Riviera est donc loin d’être une hérésie.
Licenciée du TC Nice Giordan depuis 2023, la quart de finaliste y revient régulièrement pour les compétitions entre clubs, les entraînements et les rendez-vous avec certains de ses médecins sportifs. C’est d’ailleurs en Baie des Anges que Loïs Boisson a préparé son premier Grand Chelem, après un premier échec au second tour des qualifications de Roland-Garros en 2021. Elle a notamment pu profiter des courts en plein air niçois (contrairement à ceux de Lyon, couverts) et échanger avec Léolia Jeanjean (139e). Un air du sud qui a visiblement inspiré la 361e mondiale. "Franchement, je ne suis pas surpris de sa performance admirable. Pour l’avoir eue toutes ces années, on savait que le chemin allait être périlleux, mais j’étais convaincu qu’elle allait y arriver. Elle aussi, même si je sais qu’elle en attend encore plus, je la connais". Chose que la principale intéressée a confirmée au micro de France Télévisions après son huitième de finale. "Je suis très contente, je ne vais pas dire le contraire. Mais je veux gagner Roland-Garros. Ça a toujours été un rêve, depuis toute petite".
Là aussi, Stéphane Gloaguen corrobore. "Elle a toujours voulu jouer avec les meilleures et devenir professionnelle. Introvertie, mais tellement bourrée de volonté et de qualités. Elle s’est servie de son caractère, qui n’a jamais été une limite en soi, pour devenir plus mature".
"Elle partait en vacances avec nous"Opposée ce mardi en quarts de finale à Mirra Andreeva (6e mondiale), Loïs Boisson n’a pour l’instant pas reçu le soutien direct de son ancien coach, ni de son père, dans cette fabuleuse aventure. Pour une bonne raison.
"Par superstition, je n’ai assisté à aucun match depuis le début du tournoi. Je l’ai vu dimanche sur le site, sinon, je lui envoie des messages, mais je la laisse dans son tournoi. Même si elle va en finale, ce sera comme ça! Son père est pareil (rires)". Un papa qui n’est autre que le cousin de l’épouse de Stéphane Gloaguen. "Elle partait en vacances avec nous! Mon fils est né à un jour d’intervalle d’elle, ils sont restés en contact", bref une partie de la famille.
A Paris, c’est donc bel et bien une Azuréenne qui est en train d’écrire l’histoire.
Nice Matin